Réincarnation et foi biblique
La vision biblique
La voie chrétienne suit l’héritage biblique, c’est-à-dire sémitique. Or, dans ce courant, l’idée de réincarnation n’apparaît pas. Pour la perspective biblique, Dieu est unique, la personne créée est unique, et l’existence est unique. Nous aimerions peut-être qu’il y ait plusieurs existences, tellement il y a de domaines passionnants à explorer! Nous aimerions peut-être qu’il y ait pour chacun une nouvelle existence possible afin de mieux réussir chaque fois ! Mais, en fait, Dieu nous propose d’accorder la plus grande valeur à la vie qu’Il nous a donnée, avec ses joies et ses chagrins, quelquefois très grands; et la plus grande valeur est donnée à l’existence par la foi et l’amour que le disciple développe pour son Seigneur et pour son prochain.
Souffrance et mort
La condition humaine est assez souvent atroce, il faut le reconnaître. Nous pouvons ressentir, pour nous-mêmes ou pour d’autres personnes, une grande injustice et nous demander avec angoisse quel sens a l’inégalité devant le bonheur que nous constatons autour de nous. Dieu, comme le montrent les tout premiers chapitres de la Bible, n’a créé que du bien, du beau et du bon. Nous voyons apparaître la souffrance et la mort comme les conséquences d’une rupture dans la relation de l’homme avec Dieu. En mésusant de sa liberté, l’homme a détruit le bonheur et la béatitude dont il jouissait dans la familiarité avec Dieu. Les maux que comportent notre existence ou celle de nos proches sont interprétés, non comme des punitions à caractère juridique – encore que l’interprétation pénale de la souffrance et de la mort ait existé – mais comme les conséquences de cette rupture de connexion avec Dieu.
Déconnexion
Comme toute déconnexion, le résultat de la rupture appelée péché est une dégradation de la vie qui n’est plus alimentée de façon naturelle par les énergies divines; et les conséquences affectent, non seulement l’humanité entière, mais toutes les créatures, le cosmos entier. Frustrée de la grâce divine, la créature développe toutes sortes de passions morbides, l’exploitation mutuelle et la guerre; les maladies du corps elles-mêmes naissent de la pathologie de l’âme sous-alimentée; la créature, devenue difforme, se fait souffrir elle-même et fait souffrir autrui. Et les animaux, contaminés par le péché de l’homme, s’entre dévorent.
Réparer l’homme
Pour réparer en quelque sorte l’humanité, Dieu offre, dans la Bible, le repentir – haine du mal et du péché – pour les fautes de nos ancêtres et pour les nôtres; et Il propose le pardon, la remise mutuelle des dettes, la non-violence évangélique. Nous héritons des conséquences des erreurs de nos pères, mais nous pouvons purifier notre lignée, comme le fit la Vierge Marie, en accueillant dans notre vie le Dieu Homme, le Dieu incarné, la Parole faite chair qui apporte justement le pardon et la rémission des péchés. Nous pouvons nous purifier de nos fautes personnelles, comme le fait le prophète David dans le psaume 50, et alléger ainsi la condition des créatures qui nous entourent.
Seul l’amour répare
Pour la foi biblique, seul l’amour répare, et l’amour en personne s’est rendu présent dans son monde. L’exemple le plus flagrant de cet amour qui pardonne et qui assume le péché des ancêtres est la Croix, entrée volontaire dans la souffrance et la mort pour les purifier de tout pouvoir. Celui qui acquiert cet amour divin irradie la paix autour de soi jusque chez les créatures les plus simples, animaux, plantes, air et minéraux. L’eau elle-même est lavée de toute souillure quand un saint s’y baigne.
L’union à Dieu
Les tenants de la tradition biblique croient pouvoir jouir de cette action purificatrice en se joignant au Dieu Homme par la foi et par l’amour pour lui et pour le prochain. Celui qui s’unit totalement au Christ peut être affranchi de la souffrance occasionnée par le péché et les passions égoïstes, et libéré de la tyrannie de la mort. La Croix n’est pas seulement le signe concret de la mort et de la souffrance volontaires par amour pour les amis et les ennemis: elle est simultanément le signe de la Résurrection, victoire de la vie sur la mort et de l’impassibilité sur la souffrance. La Résurrection affranchit également la Création de l’enfer de la répétition, des éternels retours et recommencements.
Le temps racheté
Par la Croix et la Résurrection, l’humanité est libérée du déterminisme cosmique des lois et des cycles; le temps jouit alors de la structure linéaire naturelle qui fut donnée à la Création dès le principe, celle d’un vecteur orienté vers l’accomplissement, de zéro à l’infini. Ainsi les efforts que fait librement le croyant pour se libérer de la souffrance et de la mort en s’affranchissant des passions égoïstes, en gagnant la paix de l’âme et du corps, ne constituent pas seulement une maîtrise de soi par la raison et la volonté. Ils sont orientés, non vers l’acquisition de mérites à valoir sur une nouvelle existence, mais vers la ressemblance avec le Christ, vers l’assimilation à l’Homme parfait et Dieu parfait, en qui il n’y a aucun péché, aucune passion égoïste, aucune mortalité ou souffrance subies passivement – qui ne souffre et ne meurt que par compassion.
L’état inconditionné
Le disciple du Christ est affranchi et libre parce qu’il est totalement uni – sans confusion toutefois – au Dieu créateur qui n’est conditionné et déterminé par rien ni par aucune loi. Cet état inconditionné, bienheureux et glorieux qui est celui des justes et des saints est accessible dès cette vie à ceux et celles qui suivent totalement le Maître, le Seigneur Jésus, et s’unissent à lui.
Icône du roi David
Texte tiré du site « sagesse orthodoxe »